Fondeurs du Sud-Ouest

Filiation des fondeurs de Rodes, Toulouse, Villefranche, Montauban

Les fondeurs Triadou de Rodez, Chatelet de Rodez et Toulouse, Lévèque (Levesque) de Montauban, Pourcel, Cazes, Costes, Vinel de Villefranche, Lacombe de Rodez concluent des alliances matrimoniales et s’associent souvent dans la fonte de cloches. Pour une généalogie documentée, on se reportera à notre compte Geneanet :Fabricants de sonnailles qui bénéficie des échanges avec Bruno Muratet.


Triadou à Rodez

Bernard Triadou (1707-1789) marié à Thérèse Pages est le fondateur de la lignée de fondeurs qui s’éteindra en 1902 avec Amans Triadou (1856-1902). Cet Amans colportait la légende selon laquelle les Triadou étaient des fondeurs venus de Lorraine. Cette affirmation nous informe sur la réputation des fondeurs lorrains dont il semble bon de se réclamer. Mais Joseph, le père de Bernard était sabotier à Rodez. On peut supposer que Bernard Triadou ait été l’employé d’Antoine Flottes, maître esquilier (fabricant de sonnailles), parrain de sa fille Marie Triadou en 1742. En 1754, à la naissance de Dominique Triadou, son quatrième enfant, le parrain est Dominique Goussel fondeur de Chaumont en Lorraine. On peut émettre l’hypothèse que Bernard se soit formé avec lui à la fabrique de grosses cloches. La première mention de Bernard Triadou fondeur date du baptême d’Amans Barthélémy en 1757. Il ne semble pas savoir écrire si on se fie à la mention « les époux ont dit ne pouvoir signer » lors de leur mariage et à l’absence de sa signature sur l’ensemble des actes familiaux. A partir de son installation, l’ascension est remarquable. En 1781, son fils Jacques est qualifié de maître fondeur sur son acte de mariage où un nombre considérable de fondeurs et de sonnetiers ont souhaité signer.

Il est difficile de savoir quel Triadou signait TRIADOU ARODES. On trouve cette signature sur des cloches d’église fondues entre 1834 et 1842 (source SFC). A cette date, Hippolyte Triadou (1796-1852) dirige l’entreprise.


Triadou à Montauban

Les sonnailles marquées TRIADOU AMONTAUBAN sont probablement l’oeuvre d’Amans Triadou, dont nous connaissons des cloches d’église fondues en 1803, 1805 et 1819 signées AMANS TRIADOU A MONTAUBAN (source SFC). Toute sa production n’a probablement pas été inventoriée. Entre 1817 et 1845, il signe les cloches avec Amans Leveque de Montauban. Ils ont oeuvré principalement dans l’Aude et dans le Tarn-et-Garonne. Leur production est visible à Saint-Laurent de Caumont (Lot-et-Garonne) signée AMANS TRIADOU AMANS LEVEQUE FONDEURS A MONTAUBAN.

Comme disent les anthropologues, nous avions la production, mais pas l’artisan. Avant nos recherches, seules la date de naissance (1757) et les légendes colportées par le dernier fondeur étaient connues. Les généalogistes s’étaient fait berner par un Amans Triadou tisserand (1766-1836) demeurant rue de Lambergue à Rodez, sans aucun lien avec les fondeurs. La mise en ligne de l’état civil facilite grandement les recherches et a permis de pister Amans Barthélémy Triadou au mariage de son frère Jacques en 1781, puis en 1821 lors de son mariage avec Jeanne Gardes à Montauban où témoigne Clément Levesque, maître coutelier, son beau frère. Le marié a  64 ans, mais on ne lui connait pas de premier mariage.

D’ailleurs, il est veuf sans enfant ou célibataire le 10 mars 1793 à Montauban, lorsqu’il « tient les pires propos sur le tirage au sort lors de la lecture officielle des décrets de la Convention sur la levée de 300 000 hommes âgés de dix-huit à quarante ans, célibataires ou veufs sans enfants ». Il sauve sa tête « parce qu’il s’avéra être à Montauban le seul fondeur suffisamment compétent pour diriger les activités de la fonderie de canons créée par le conventionnel. Il en sera simplement évincé le 4 février 1794, pour faiblesse de civisme ! » 


Levesque à Montauban

Amans Levesque est donc son neveu, plus jeune de 24 ans, issu d’une famille de couteliers, profession qu’il exercera toute sa vie tout en signant, dès 1817, les cloches avec son oncle « Amans Triadou et Amans Lévêque à Montauban ». Il décède en 1845, un an avant son oncle, sans doute après avoir réalisé avec lui la cloche de l’église Saint-Pierre de Moissac (source SFC).

Ils sont enterrés ensemble à Montauban.

Les deux fils d’Amans, Clément (1808-1884) et Amans (1814-1860) signent plusieurs cloches ensemble.

En 1875, Clément signe avec son fils prénommé Amans Jean (1849-1907), LEVEQUE PERE ET FILS A MONTAUBAN. Dernier fondeur de la dynastie, Amans Jean se marie en 1872 avec Anne Pèlegin, fille et petite-fille de deux fondeurs de cloches de Toulouse, Nicolas Pèlegrin et Jean-Louis Louison. Il signe LEVEQUE AMANS A TOULOUSE et LEVEQUE AMANS (GENDRE) TOULOUSE.

Il est impossible pour l’instant d’identifier l’auteur de la grosse sonnette signée LEVEQUE. Il serait intéressant de retrouver d’autres cloches avec la rosace figurant à l’opposé, si des collectionneurs la relèvent.


Chatelet à Rodez puis Toulouse

Fils du marchand de cuivre Antoine Chatelet, Joseph Chatelet (chatelé) (1744-1834) est déjà indiqué comme marchand fondeur lorsqu’il se marie en 1767 avec Marie Triadou, fille de Bernard Triadou, fondeur de cloches à Rodez.

Le 31 juillet 1781, au mariage d’Antoine Chatelet, son neveu, Joseph réside encore au  faubourg de Saint Cirice à Rodes. On trouve des sonneaux marqué CHATELET ARODES.

En 1799, il habite Toulouseil décède en 1834. Joseph Chatelet signe des cloches d’église JOSEPH CHATELET A TOULOUSE entre 1778 et 1806 puis CHATELET PERE ET FILS entre 1803 et 1811, probablement avec son fils Pierre Chatelet (1771-1859) indiqué comme fondeur en 1820, sur l’acte de mariage de sa fille Marie Josephe Chatelet , document où l’on voit les signatures de Marie Chatelet (Marie Josephe) Chatelet fils (Pierre Chatelet) et Chatélét (Joseph Chatelet). L’entreprise profite largement des guerres napoléoniennes. Elle est reprise en 1820 par le mari de Marie Josephe Chatelet, Jean Nicolas Olin (1795-1857), fils d’un fondeur de Sedan, sous l’intitulé d’Olin-Chatelet qui a fondu des cloches entre 1851 et 1862 (source SFC), mais n’a pas signé de sonnailles.

Il semble que l’on puisse attribuer à Joseph les sonnailles marquées CHATELET A TOULOUSE, marque qu’il utilise sur les cloches d’église.

Même si elle n’a pas produit de sonnailles, nous avons mis en ligne la recherche sur l’entreprise Olin-Chatelet reprise en 1862 par Jules Sylvain Dubois.


Pourcel à Villefranche

Pourcel est une dynastie de trois fondeurs installés à Villefranche. Seuls ou associés à Cazes et Triadou, ils ont produit des cloches d’église entre 1822 et 1913.

Les sonnailles, ou cloches à main, avec les fleurs de lys et la signature + POURCEL  FRANCHE, sont plutôt l’oeuvre de(Jean) Pierre Pourcel (1782-1858) entre 1815 (Restauration) et 1839 date de l’apparition de la signature POURCEL PERE ET FILS sur les cloches d’église. Ce fils,Jean Baptiste Pourcel, actif entre 1839 et 1891 a signé seul les cloches de Millau en 1880. On peut probablement lui attribuer les sonnailles marquées POURCEL AV.LE FRANCHE décorées avec une médaille usagée de saint Louis Gonzague (Italie, 1568-1591). 

N’ayant pas de fils, Jean-Baptiste Pourcel et sa femme Marie Sylvie Marre ont marié leurs filles aux fondeurs Hippolyte Adolphe Triadou et à Louis Plainecassagne qui apprendra le métier et succédera à son beau-père en 1891.


Cazes à Villefranche

Les fondeurs Cazes sont actifs entre 1820 et 1928, associés entre frères et avec les Triadou, Pourcel et Vergnes. La signature CAZES seule est très rare sur les cloches d’église. La rose cerclée de dentelures (pastillage) se retrouve identique sur plusieurs sonnailles et sonnettes marquées de différents noms. Il semble donc que Cazes réalisait des clochettes commandées par des particuliers, éleveurs ou revendeurs, mais apposait sa rose comme marque anonyme.

Bédué et Lamouroux à Cahors, Brunon David à Aurillac, Féraud (Geraud ?) Ainé
Nous n’avons trouvé aucune information sur les registres d’Etat civil pour Bédué et Lamouroux à Cahors, inconnus comme fondeur de cloches d’église. Leurs marques BEDUE A CAHORS et LAMOUROUX A CAHORS portent la rose identifiée sur les sonnailles de Cazes.

D’autres sonnettes à la rose de Cazes portent les noms BRUNON DAVID A AURILLAC et FERAUD (GERAUD ?) AINE 


Lacombe à Rodez

Lacombe(s) est cité par Armand Machabey dans « La métrologie dans les musées de province et sa contribution à l’histoire des poids et mesures en France depuis le treizième siècle » comme fondeur de poids monétiformes en 1776. On connait des sonneaux et des grelots signés LACOMBE ARODES.

Dans son acte de mariage, le 24 février 1767, Joseph Lacombe est indiqué marchand fondeur. Son père était bridier, profession souvent interchangeable avec celle de fondeur de petits objets. Il semble avoir une certaine influence parmi la corporation des fondeurs. Proche de Pierre Chatelet, il est témoin au baptême de son fils Antoine Chatelet. Joseph et Pierre Lacombe sont également témoins à l’ouverture du testament de Jean François Dubois le 25 juin 1770.


Grimaud à Albi

Hypolite Grimaud (1781-entre 1841 et 1860) est actif comme fondeur au moins de 1803 à 1841. Il se marie avec Elisabeth-Marie Boutet en 1803, nièce de Joseph Boutet, fondeur originaire de Millau, installé à Albi.  Ils travaillent sans doute ensemble puisqu’ils partagent une partie de leurs marques : le cartouche A’LBI.


Boutet à Albi

Joseph Boutet est maître bridier en 1750 à Millau.

Un de ses fils Joseph, né en 1745 est fondeur à Albi en 1803. Il est probablement à l’origine du mariage de sa nièce, dont il est le témoin, avec le fondeur Albigeois Hypolite Grimaud. Sa marque est très caractéristique, empruntée à Grimaud, avec la barre chevronnée du A de A’lbi comportant une apostrophe.

Un autre de ses fils, François (1750-1828), reste fondeur à Millau de 1783 à 1828. Antoine, né en 1794, est indiqué fondeur à Saint-Affrique au décès de sa fille en 1855.

Les fondeurs de Millau sont probablement les auteurs des sonnailles signées BOUTET ou BOVTET.

Jean-François (1778-1835), fils de François Boutet (1750-1828), travaille probablement avec son père lorsqu’il se marie à Millau en 1804. Il signe François Boutet fils. Ses enfants naissent en Aveyron en 1808 et 1813. Il déménage à Albi où il est maître fondeur en 1832.

Deux de ses fils exerceront la profession de fondeur à Albi : Michel Boutet (1808-1858) qui signe Michel Boutet fils est actif de 1829 à 1858 et Hypolite Boutet (1818-1890) de 1844 à 1890.

Parmi les cloches campanaires, celle de Villemoustaussou dans l’Aude, datée de 1783 est l’œuvre des premiers fondeurs installés à Millau. L’inscription indique l’association avec Breton, fondeur de Narbonne auteur de nombreuses cloches dans l’Aude.

Dans le Tarn, six cloches relevées par Jean-Pierre Carme sont signées Boutet Ainé (1837) et Michaelis Boutet (1838) donc toutes de Michel Boutet. Celles signées H. Boutet (1850 et 1860) sont évidemment d’Hypolite. Ce dernier a refondu une petite cloche pour l’église de Virac (Tarn) en 1860, laquelle fut également refondue en 1967 exprimant le déni de cloche patrimoniale, hélas trop répandu.


Vinel à Toulouse

Sophie Vinel, descendante des fondeurs, a publié un article dans les bulletins n°35 et 36 de l’association Carillons en pays d’oc.

Les fondeurs de cloches d’églises Vinel sont actifs à Toulouse de 1863 à 1953. Mais des Vinel sont indiqués plus tôt comme fondeurs dans leurs actes de mariage à Villefranche d’Aveyron. On relève de fréquentes alliances avec des filles Cazes. Jean-Pierre Vinel (1832-1908) aurait, selon Sophie Vinel, succédé à son beau-père Bernard Cazes, dernier fondeur de la lignée.

Gabriel Vinel (1907-1992) s’est associé à Joseph Granier (1890-1983) des Nières. En 1957, il a cessé son activité et lui a vendu son fonds et sa clientèle.

On manque d’information pour attribuer précisément les sonnailles marquées VINEL décorées d’un motif en étoile.

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